1 mars 2007

Les salaires des dirigeants

Le prix du talent ou une extorsion à l’amiable?

Yvan Allaire | IGOPP

Introduction

À juste titre, la rémunération des dirigeants suscite une vive controverse. Des sondages montrent que 80% des américains et 90% des fonds institutionnels estiment que les hauts dirigeants d’entreprises sont trop payés. Un sondage canadien aboutirait vraisemblablement au même constat.

Le sujet mérite donc un franc débat qui va au delà des cas patents de rémunération    extravagante. Le «casus belli », le bât qui blesse, prend la forme du tableau ci-dessous montrant le rapport entre la rémunération moyenne des PDG d’entreprises américaines et le salaire moyen des travailleurs.

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Rappelons que, pour l’année 2005, la rémunération totale moyenne des dirigeants américains des entreprises composant l’indice Standard and Poors fut de US $13.5 millions alors qu’au Canada, pour les 186 plus grandes entreprises inscrites à la bourse de Toronto, elle s’établissait à C $ 5 millions.

Que nous révèle ce tableau ? Alors qu’au cours des années ’70, le PDG moyen gagnait environ 25 fois le salaire moyen d’un employé, sa rémunération totale fait maintenant plus de 400 fois le salaire moyen d’un employé.

Ce tableau établit cependant une importante distinction entre la composante « salaire et bonus » d’une part et la composante « rémunération totale », incluant l’impact des options et des autres formes de rémunération à long terme. La première composante, « salaire et bonus », représente environ 20% de la rémunération totale (près de 33% au Canada). Pour cette seule composante, la rémunération du PDG est passée de 25 fois le salaire moyen du travailleur en 1970 à environ 75 fois en 2004-2005.

Cette évolution ne suscite pas, ou ne devrait pas du moins susciter, de controverse. Dans tous les domaines où s’est établi un marché relativement libre pour le talent, on a constaté une évolution similaire. […] Lire la suite