L’agence Standard & Poor’s: un gendarme d’opérette
Michel Nadeau | IGOPPAvec la gravité d’un magister imÂpitoyable, l’agence de notation Standard & Poor’s envoyait, il y a six mois cette semaine, un solide coup de semonce au gouvernement américain. Les experts de S & P ont voulu écrire l’histoire en retirant les trois A à la cote du crédit consiÂdérée comme le plus sure de la plaÂnète. Et le choeur des stratèges, y compris M. Bill Gross, le gourou de la plus grande firme de gestion obliÂgataire américaine PIMCO, implorait les investisseurs de délaisser les tiÂtres de l’oncle Sam et même de les vendre a découvert. Plusieurs courtÂiers proposaient à leurs clients d’aller chercher refuge dans des titres plus tendances comme les entreprises d’énergie propre ou les petites soÂciétés chinoises.
Encore une fois, S & P a joué le rôle de gendarme d’opérette en sonnant la charge une fois la bataille passée. L’indice Barclay’s des obligations de plus de 20 ans du Trésor américain a affiché un rendement de 33.84 % en 2011, la meilleure performance de tous les véhicules financiers. (Ce réÂsultat vient d’une baisse des taux de 1,44 %. : une diminution de 1 % fait augmenter de 18 % la valeur d’une obligation de 30 ans.) Être long obliÂgations était la stratégie gagnante en 2011 ! Les titres US pour une échéÂance de 10 ans ont baissé de 2.56 % à 1.88 % entre août et fin décembre. Ce mouvement de 68 p.c. fut idenÂtique à celui du Canada (repli de 70 p.c.) qui n’a pourtant pas reçu l’opprobre de l’agence new-yorkaise. L’écart entre les obligations amériÂcaines et les valeurs similaires alleÂmandes est passé de 15 p.c. avant le début d’août à seulement 5 p.c. La valeur relative du crédit US s’est améliorée. Qui a été pénalisé par S & P ?
La panique provoquée par S & P en août dernier n’a pas eu d’effet réel ; l’ensemble du crédit s’est amélioré en raison de la crise financière euroÂpéenne. Les chiffres très positifs de l’emploi aux USA de vendredi dernier montrent que les prophètes qui voyaient dans leur boule une chute brutale de l’économie américaine ont fait un avis mortuaire précoce.
Les agences de notation apporÂtent des manchettes spectacuÂlaires aux chaînes d’information continue. Mais le marché bouge au-delà de ces analyses prétendument objectives. Les investisseurs cherÂchent un rapport raisonnable entre le rendement et le risque disponibles. Malheureusement le petit épargÂnant se fait souvent prendre par ces prétendus oracles qui regardent le risque dans le rétroviseur des bilans passés. On cherche ainsi à déplacer le troupeau des investisseurs prêts à boire à la première source venue. Au fait, l’ensemble des titres des entreÂprises d’énergie propre et des petites
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