24 janvier 2023

Assurer la légitimité et la crédibilité du C.A. d’un ordre professionnel incombe à son/sa président.e

D’où l’importance de bien planifier sa relève

Christiane Brizard | Langlois Avocats

La personne qui occupe la présidence du Conseil d’un ordre professionnel ne fait pas qu’organiser les travaux de cet organe décisionnel. Elle assume des fonctions légales, stratégiques et politiques. Elle est porteuse de la mission et de la vision de l’ordre. Elle doit faire preuve de leadership, être capable d’anticiper les changements et donc d’amener les administrateurs et administratrices ainsi que la haute direction à regarder au‑delà du court terme en tenant compte de la mission et de la vision de l’ordre et des valeurs de la profession. Elle guide le Conseil dans la création d’une culture et d’une dynamique orientées vers la protection du public, tout en tenant compte des défis liés au maintien de la pérennité de son organisation. Elle veille à créer un environnement permettant aux administrateurs et administratrices d’aborder avec respect, courage et ouverture d’esprit les questions difficiles ou délicates. Pour citer Yvan Allaire, président émérite du Conseil d’administration de l’IGOPP, « [l]e président du conseil est au premier chef le gardien de la légitimité et de la crédibilité de la société auprès de ses commettants et parties prenantes. Il ou elle assume un rôle subtil qui va bien au-delà des prescriptions normatives et des listes de bonnes manières autour d’une table de conseil1. »

Étant donné le rôle crucial de cette fonction pour l’efficacité globale du Conseil, l’importance accordée à sa succession est un élément essentiel à la bonne gouvernance de l’ordre. Le remplacement du président ou de la présidente est parfois une question délicate pour le Conseil, surtout lorsque la personne occupe ce poste depuis de nombreuses années ou lorsqu’un administrateur en fonction estime que son tour est venu. Il importe donc pour le Conseil de considérer différents éléments utiles pour assurer le succès de la relève à la présidence.

Ainsi, le Conseil aurait avantage à réévaluer régulièrement le mode d’élection à la présidence. Lequel des modes d’élection est dans l’intérêt de l’ordre : l’élection au suffrage universel ou l’élection parmi les administrateurs élus?

Il serait aussi opportun d’élaborer une description détaillée du poste de présidente ou président du Conseil et de mettre en place un processus d’évaluation formel de la personne occupant cette fonction, ainsi qu’une politique sur la relève. En effet, au regard des responsabilités importantes qui incombent au ou à la titulaire de ce poste, il importe d’établir, si ce n’est qu’à titre indicatif, les qualités et les compétences minimales requises pour exercer correctement ces fonctions.

Les enjeux de la profession, les facteurs externes qui modulent la société, les attentes du public et les exigences de l’État peuvent influencer le choix de la personne qui prendra la relève de la présidence du Conseil. Toutefois, les compétences nécessaires pour assumer ce rôle, telle la capacité d’exercer un jugement indépendant, de comprendre et de communiquer les enjeux, de faire ressortir les points de vue et les talents et, enfin, la capacité ou le courage de prendre des décisions difficiles, demeureront les mêmes, et ce, peu importe les circonstances. C’est pourquoi l’élaboration d’un profil de compétences s’avère un processus objectif, et surtout nécessaire. Cette approche constitue une saine pratique de gestion pour un Conseil d’administration. Ce profil de compétences peut faire partie de la politique sur la gouvernance ou d’une politique sur la planification de la relève à la présidence du Conseil.

Il pourra servir à repérer les administrateurs et administratrices du Conseil qui pourraient être pressentis comme candidats à la présidence ou qui pourraient remplacer lors d’une vacance à ce poste. Il offre également des critères objectifs sur lesquels les administrateurs peuvent se fonder pour élire le futur président ou la future présidente parmi les administrateurs du Conseil. Il est aussi utile pour l’ensemble des membres d’un ordre lorsque l’élection à la présidence est au suffrage universel des membres.

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1  Yvan Allaire, « Les défis d’un « bon » président de conseil d’administration », Les Affaires, 6 novembre 2007.

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